Reda Kateb incarne Django, le roi du jazz manouche

De Pickx

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Rencontre avec Reda Kateb pour la sortie du film « Django » le 10 mai dans les salles de cinéma belges.
Reda Kateb est un acteur rare. Il a l’élégance, la grâce des acteurs qui jouent « en creux », comme souligne le réalisateur du film, Etienne Comar. Avec le personnage de Django Reinhardt, Reda Kateb reçoit un cadeau : celui d’incarner un musicien mythique, le King du swing et du jazz manouche. Son plus grand rôle à ce jour.

Le film d’Etienne Comar
"Django" évoque deux ans de la vie du musicien Django Reinhardt, durant l’Occupation allemande. Au sommet de son art, guitariste au swing aérien, Django triomphe dans les grandes salles de spectacle. Au début, il ne se rend pas compte qu’en Europe, ses frères Tsiganes sont persécutés. Les choses se gâtent lorsque la propagande nazie veut envoyer Django jouer en Allemagne pour une tournée. Une amie tente de l’aider à passer en Suisse.

L’histoire de Django, guitariste de génie, né en Belgique, est celle d’un artiste de génie, qui résista avec sa musique. Dans le rôle de Django, Reda Kateb, renversant, trouve son plus grand rôle à ce jour. On salue également la belle complicité avec Cécile de France, qui joue la maîtresse du musicien.

Nous avons rencontré Reda Kateb, qui parle de "Django" dans ce dossier.

Interview de Reda Kateb par Valérie Nimal pour Proximus TV.

Django, un mythe

- Proximus TV: Comment avez-vous abordé le personnage de Django Reinhardt?
- Reda Kateb : "C’est par la musique que j’ai vraiment rencontré Django. La musique était SA manière de parler. J’ai passé un temps énorme à l’écouter et à travailler la guitare avant de tourner le film."

- Votre apprentissage a été long ?
- "Plus d’une année. J’ai commencé la guitare avec un professeur. En plus, comme Django avait deux doigts mutilés (à cause d’une brûlure) chaque matin, pendant deux heures, on maquillait ma main : je devais porter une prothèse pour pouvoir jouer la musique de Django. J’ai appris la musique pour le film : je jouais de la guitare, mais derrière, il y a la bande son interprétée par Le Rosenberg Trio Warren Ellis."

Un couple magnifique : Reda Kateb et Cécile De France

- Comment s’est passée votre rencontre avec Cécile De France, qui joue la maitresse de Django ?
- "Très simplement. On a pris un café avec le réalisateur, Etienne Comar et Cécile De France. Tout de suite, cela a collé. Nous avons pas mal de points communs, Cécile et moi, sur la manière de travailler, d’aborder un plateau. Très précise. Ouverte au moment et aux gens avec lesquels on travaille."

Le pouvoir de la musique manouche

- Qu’est-ce qui vous attire chez Django ?
- "Sa musique, sa liberté. Le pouvoir de la musique, c’est de dépasser les mots, d’être dans la sensation. C’est ce que j’essaie de faire quand je joue : transmettre des choses qui ne sont pas dans les mots. Le langage est souvent trop limité."

Django, musicien engagé

- Ce film résonne bien par rapport à l’actualité, au contexte politique...
- "Bien sûr, cela m’a plu dans le scénario ; Django raconte aussi l’histoire d’une famille de réfugié. Comment regarder l’autre, qui fuit la  barbarie, qui a tout laissé pour survivre? Dans ses valises, il (Django) a même apporté son talent.

Cette partie de l’histoire n’a pas été racontée dans les manuels scolaires. Le génocide des Tsiganes n’a été reconnu par l’état français qu’en 2016."

- A un moment du film, Django sort de sa bulle et refuse de jouer pour les Nazis.
- "Django refuse d’être instrumentalisé comme un singe par les Nazis. En plus, on lui demande de changer sa musique pour pouvoir jouer en Allemagne. Il refuse de se travestir pour le confort."

Souvenirs de tournage

- Que garderez-vous du tournage de "Django"?
- "Ce qu’il reste de ce tournage ? Je garde des gens dans mon cœur, les Tsiganes. Ils m’ont adopté, m’ont fait confiance. Cette relation fraternelle m’a aidée à jouer. Je regarde toujours devant, comme les Tsiganes. La prochaine route, le prochain voyage. En même temps, on porte en nous toutes les histoires qu’on a traversées. Je n’aime pas la nostalgie."

Le désir d'être acteur

- Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir acteur ?
- "J’ai toujours eu envie d’être acteur. Pour des pour des raisons différentes, en fonction de périodes de la vie. Quand j’étais petit, c’était pour être avec mon père, acteur de théâtre. J’allais avec lui en tournée. Après, c’était pour sortir du collège et voyager. Puis j’ai commencé à aimer ce métier. Je l’ai même aimé dans des périodes moins glorieuses."

- C’est-à-dire ?
- "Quand les portes du cinéma me restaient fermées, et que c’était difficile matériellement, je tenais, j’étais endurant. J’ai toujours eu une certaine foi."

Reda Kated, fils de comédien

- D’où vient votre famille ?
- "C’est un melting pot ! Mon père venait d’Algérie, mon grand-père maternel de Tchécoslovaquie. Ma grand-mère maternelle venait d’Italie. Du coté de mon père, il y a eu beaucoup d’artistes. Kateb, cela veut dire écrivain. Mon grand-oncle Kateb Yacine, est écrivain et poète. Et ma mère était militante, elle m’a transmis des valeurs, justement par rapport au regard sur les autres."

Reda Kateb, bientôt 40 ans

- A 39 ans, vous avez envie de quoi ?
- "Pour l’instant, je suis pris par ce que j’ai sur le feu. Peut-être que j’écrirai un rôle pour moi, un jour. J’ai envie de faire plein de sortes de films différents, d’utiliser ce métier pour assouvir ma curiosité. Regarder les autres, traverser des mondes en concentré."

Le goût de la liberté

- Etre libre, qu’est-ce que ça veut dire ?
- "Etre libre, c’est ne pas s’accrocher à un statut, ne pas être esclave du regard des autres. Il faut toujours marcher sur un fil quand on est acteur. Les périodes de succès peuvent être aussi dangereuses pour un acteur, que les périodes de galère. On peut rester enfermé dans l’image qu’on veut donner, un niveau de vie…"

"Je suis ému par..."

A la question « Qu’est-ce qui vous émeut ? », pendant l’interview, Reda Kateb conclut :

"Les gens, dans leur vérité. J’aime m’asseoir au comptoir et écouter leurs petits bouts d’histoires. Je suis aussi touché par les artistes sans art : ceux qui ont une manière artistique de vivre la vie, mais qui n’ont pas la chance que j’ai d’en vivre. Les Tsiganes sont des maitres dans cet art-là. C’est un peuple d’artistes, notamment dans le fait qu’ils ne capitalisent pas les choses, ils n’ont pas le sens de la propriété. Ils traversent la vie en étant extrêmement présents dans le moment. Et ensuite, ils font confiance aux autres, sans calcul.
Cette innocence me touche. L’enfance chez les gens me touche. Dans mes rencontres, j’essaie souvent d’imaginer quel enfant  telle personne était dans la cour de récré."


Interview de reda Kateb par Valérie Nimal pour Proximus TV.
"Django", un film d'Etienne Comar, sortie en salle le 10 mai 2017.

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