"Nathalie Baye, c’est un Stradivarius !" Rencontre avec la star au FIFF
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Nathalie Baye incarne la grâce et la discrétion, le talent. C’est une femme solaire ("La balance"), libre ("Une liaison pornographique") parfois autoritaire, drôle dans "Vénus Beauté" ou "Absolument fabuleux". Nathalie Baye, c’est un Stradivarius ! Dans Le petit lieutenant ou dans Laurence anyways, elle endosse des rôles de femme rigide. Cette fois, dans Préjudice, son rôle lui permet « de déployer une palette de jeu étendue : maternelle, forte, tendre, froide, tenace, dure… » comme nous l’a précisé le réalisateur Antoine Cuypers. Ravi d’avoir convaincu l’actrice française de tourner avec lui, il nous avait confié : "Nathalie Baye, c’est un Stradivarius !"
Peu avant que "Préjudice" ne fasse l’ouverture du FIFF à Namur, l'actrice Nathalie Baye nous a raconté le tournage de "Préjudice" mais aussi son parcours, le métier de comédien, ses relations avec sa fille… Extraits choisis.
Dans Préjudice, le cinéaste Belge Antoine Cuypers fait de Nathalie Baye une mère courage, en proie aux démons de son fils, Cédric. Une femme tourmentée, fatiguée de devoir éduquer un fils qui, a trente ans, vit toujours sous son toit. Une femme en couple avec Arno Hintjens (photo), un homme éteint...
Nathalie Baye précise : « Antoine Cuypers a pensé à moi après m’avoir vu dans le premier film que j’ai tourné avec Xavier Dolan, Laurence anyways. Je jouais une mère qui n’était pas la tendresse incarnée… »
Nathalie Baye : « J’ai fait beaucoup de premiers films. En discutant avec Antoine, j’ai dit oui très vite. Le scénario était tellement bien construit et écrit, que j’ai accepté. Même si c’est son premier film, le réalisateur Antoine Cuypers fait ce qu’il veut, il connait bien les acteurs, sait bien les diriger, il ne se cabre pas. Il y a des réalisateurs qui manquent de souplesse, d’ouverture d’esprit, alors qu’Antoine sait ce qu’il ne veut pas. Il a l’intelligence d’être ouvert et très précis. »
Nathalie Baye : "En lisant le scénario de Préjudice, je me suis dit que c’était une femme qui a fait ce qu’elle pouvait avec ses moyens. La mère que je joue fait ce qu’elle peut avec ses moyens, ses angoisses, elle se câbre…"
« Ils ont du s’aimer, après ils se sont accrochés à la vie, leur fils est resté à la maison… Cédric, le fils, est difficile à cerner parce qu’il est presque prisonnier dans cette famille. Le père donne l’impression, quand il est seul avec son fils, qu’il le comprend mieux mais en même temps, il n’a pas le courage d’affirmer ce qu’il pense et ce qu’il veut ».
Nathalie Baye : « J’ai toujours beaucoup de mal à me voir. Je ne regarde jamais les scènes que je viens de tourner sur le combo. Par contre, dix ans après, c’est plus simple : je me dis, c’est un bon film… Le film ne m’appartient plus… »
Nathalie Baye: « J’ai fait beaucoup de films. On a l’impression que je n’ai jamais eu de moment dur, mais il ne faut pas croire ça. J’ai quand même vécu trois années où j’ai dû tourner dix jours. Il y a eu des moments où je tournais moins ».
Photos : Le retour de Martin Guerre (1982) avec Gérard Depardieu et Nathalie Baye. A droite : Nathalie Baye etJosiane Balasko dans Absolument fabuleux (2001). Crédits : Photonews
Nathalie Baye : " Quand on est acteur, on se remet en question. La chose la plus difficile dans ce métier, c’est d’essayer d’être toujours à la hauteur des choses que l’on vous donne à jouer, mais c’est aussi de vivre ce métier. C’est très difficile, j’ai connu des acteurs très doués qui ont laissé tomber le métier, ils n’avaient pas le talent ; soit quand ça marchait, ils pétaient un câble, soit ils abandonnaient quand ça ne marchait pas, ils étaient en dépression… Ils n’étaient pas assez solides."
Comment faire pour surmonter les difficultés du métier ? Nathalie Baye explique :
"Je viens d’une famille d’artistes. Mes parents gagnaient leur vie avec la peinture… Mon but n’était pas d’être connue, d’être une vedette, mais de faire quelque chose que j’aime et d’avoir de la liberté. Quand j’ai commencé à jouer, je me suis tout de suite sentie plus à ma place que quand je dansais. J’ai commencé à travailler sans chercher le succès… Quand j’en ai eu, cela n’a pas fait tourner la tête, et quand je n’en avais pas, j’avais quand même la discipline provenant de la danse. Et puis, j’avais vu mes parents bohême… Ce n’était pas facile de m’accrocher, j’ai eu des moments de peur, de déprime, de doute, mais pas au point de lâcher prise."
Laura Smet, la fille de Nathalie Baye et de Johnny Halliday, fait partie du Jury du FIFF cette année…
Nathalie Baye : « Je suis contente ! Laura est une actrice formidable, on a joué ensemble il n’y a pas longtemps dans une série de Cédric Klapisch, Dix pour cent, qui se passe dans une agence artistique. Nous jouons nos propres rôles, mère et fille. Avec Laura, nous nous disions : on va avoir un fou-rire ! Mais dès la première prise, Laura était aux taquets, elle était bien à l’heure, c’était chouette.
« Nous avons passé des vacances cet été avec Laura et son petit ami. Laura a aussi réalisé un clip… Cela me plairait de jouer pour elle ! »
Nathalie Baye : "A l’époque où elle tournait La femme de Gilles, j’avais un peu peur pour Laura. Elle avait beau savoir que ce métier est difficile, le cinéma n’est pas un rêve ininterrompu. Mais elle est forte."
Nathalie Baye : "Parmi les films que j’ai tournés, Une liaison pornographique reste un souvenir merveilleux. J’ai adoré faire ce film : un scénario formidable, le tournage était très agréable, Frédéric Fonteyne est quelqu’un de formidable, et Sergi Lopez (à droite sur la photo) est un partenaire de rêve. Et tourner Préjudice m’a beaucoup plu."
Préjudiceest un film d’Antoine Cuypers, avec Nathalie Baye, Arno Hintjens, Thomas Blanchard, Ariane Labed, Eric Caravaca, Cathy Min-Jung, co-produit par Proximus. Il a fait l’Ouverture au FIFF à Namur et sort le 7 octobre en Belgique.
Interview de Valérie Nimal pour Proximus TV Lire aussi notre avis sur le film Préjudice.
Attention : regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de programmes qui s’adressent spécifiquement à eux. Plusieurs troubles du développement ont été scientifiquement observés tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans