Entretien avec Cédric Klapisch pour "Casse-tête chinois"

Cinéma | Fin novembre à Bruxelles, dans un hôtel bruxellois. Le réalisateur Cédric Klapisch vient nous parler de Casse-tête chinois. Ce film clôt la trilogie à succès L’Auberge espagnole & Les poupées russes. Malgré son rhume (l’homme s’est enroulé dans une écharpe), il a l’œil vif et se montre disponible pour un entretien chaleureux.

De Pickx

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L'interview
Fin novembre, dans un hôtel bruxellois. Le réalisateur Cédric Klapisch vient nous parler de "Casse-tête chinois". Un film très attendu par le public de L’Auberge espagnole et Les Poupées russes. Nous pouvons déjà le confirmer : la trilogie de Klapisch se clôt en beauté, et nous retrouvons avec un certain plaisir Romain Duris, Audrey Tautou et Cécile De France. Malgré son rhume (enroulé dans une écharpe, l'homme a la voix enrouée), le cinéaste a l’œil vif et se montre disponible pour un entretien chaleureux.

Entretien par V. Nimal pour Proximus TV
"Casse-tête chinois" est co-produit par Proximus. Découvrez aussi la bande-annonce et la critique du film.

Entretien avec Cédric Klapisch

L’énergie qui se dégage de Casse-tête chinois est communicative. Comment avez-vous trouvé le rythme du film ?

CK. : C’est à la fois une histoire d’écriture de scénario et de montage. Il y avait une volonté de montrer New York avec cette énergie, de jouer avec cet effet d’entraînement : dès qu’il met le pied à NY, il y a un effet boule de neige pour Xavier. Une sorte d’avalanche.  C’est ce que j’aime dans les  « screw ball comedy » américaines, plus ça va, plus ça va vite.

Entretien avec Cédric Klapisch

Tourner New York, c’était un sacré défi ! Comment avez-vous abordé cette ville tentaculaire ?

Je pensais qu’avec tous les tournages qu’il y a dans cette ville, ce serait simple, mais pas du tout. Surtout à Chinatown. Je voulais aussi éviter les lieux touristiques. A la fin de plusieurs mois de tournage, nous avons vécu l’ouragan Sandy durant 4 jours.  Il fallait adopter l’attitude "Taï chi"… Rester debout en utilisant la force de l’adversaire. J’ai réduit l’équipe à une camionnette avec une dizaine de personnes au lieu des 20 camions et 120 personnes…

Entretien avec Cédric Klapisch

A 40 ans, Xavier voit sa vie comme une page blanche. La quarantaine, c’est encore "l’âge des possibles" ?

Pas complètement. L’âge des possibles c’est un film de Pascale Ferran, que j’aime bien, qui décrivait bien la vingtaine. Quand on a 20 ans on essaie des choses, on explore des possibles. A 30 ans, on ferme des portes, on enlève des possibles alors qu’à 40 ans, on redécouvre des possibles… On essaie d’échapper à ce qu’on a créé. On a besoin d’une renaissance. Pour ne pas se laisser enfermer dans ce qu’on a déjà vécu, mis en place. On fait le bilan et on regarde les options.

Le voyage en fait partie ?
Absolument.

Entretien avec Cédric Klapisch

Quelle part de Xavier y a-t-il en vous ?
Quand Romain Duris décrit Xavier, il dit qu’ « il a un bon fond »… une ouverture d’esprit. Je pense que j’ai ça aussi. On a tous des préjugés, racistes, sexuels, sociaux, sur ce qui est bien ou pas. Ce que j’aime chez Xavier, c’est qu’il n’a pas de préjugés. Déjà dans l’Auberge espagnole, Xavier est troublé par le fait qu’Isabelle est lesbienne. Il va apprendre à la connaître et devenir son ami. Les choses qui le choquent au début, ne le choquent plus par la suite. Dans Casse-tête chinois, l’idée d’épouser une Chinoise, il trouve ça bizarre, puis il dépasse cette réticence, cette sorte de racisme qu’on a tous en nous.

Avec une dose de naïveté aussi.
Oui, parce que Xavier n’a ni d’idée préconçue, ni discours social. De la même façon, quand il entre dans l’appartement de Wendy et suppose que l’homme qui habite là est très riche, il n’a pas de préjugé; on voit qu’il aime bien ce type. Le fait qu’il a plus d’argent que lui n’influence pas son regard.

Entretien avec Cédric Klapisch

Xavier dit qu’à 40 ans, il écrit "des trucs plus sincères". Quelle place à la littérature dans votre travail ?
Ma culture est plutôt classique. J’ai beaucoup lu mais c’était avant que je ne fasse du cinéma. J’aime le travail du mot, la chanson, la poésie.

Et la philosophie ? Quand vous faites entrer Hegel dans la chambre de Xavier, les rires fusent !
C’est ce que je préfère dans le film. C’est pour faire comprendre assez vite au spectateur qu’il est dans la tête de Xavier : quand il a des fantasmes, on les voit. Là, Xavier pense aux philosophes, ils viennent carrément lui parler. C’est une idée toute bête, du coup, ça simplifie l’abord de la philosophie qui peut paraitre sérieuse et pénible pour les gens. J’ai essayé de la rendre accessible, même comique. Elle peut faire partie de la vie.

Et vous, vous avez l’habitude de converser avec les grands philosophes ?
Plus souvent que vous ne le pensez ! (C. Klapisch éclate de rire).

Entretien avec Cédric Klapisch

Vos dialogues sont drôles et enlevés. Comment naissent-ils ?

Parfois, en marchant dans la rue, je prends des notes sur mon iPhone. Ou sur mon scooter… Soudainement, je m’arrête pour noter une phrase, une réplique. Sinon, le boulot de scénariste, c’est être assis devant une table et écrire, 8 à 10 h par jour, se glisser dans le corps de quelqu’un. Il ne faut pas que l’officier de l’état civil américain parle comme Xavier, ni que l’avocat riche parle de la même façon que celui qui ne l’est pas.

A chaque fois, je fais un travail de mémoire. En plus, quand j’écrivais en anglais, je faisais corriger mes dialogues par des Américains. Après, je réadaptais. C’était compliqué de juger si les dialogues étaient bien.

Entretien avec Cédric Klapisch

A quoi rêvez-vous, après une trilogie ?
J’ai envie de faire un film simple ! (C. Klapisch rit).
Je ne sais pas ce que serait le contraire de Casse-tête Chinois… quelque chose de paisible !

Cédric Klapisch répond au "Questionnaire ping pong"

Pour terminer, 6 questions rapides  ! Prêt à rebondir au "Questionnaire ping pong".
Cédric Klapisch sourit.

L’important dans la vie, c’est…
D’être heureux.

Etre libre ça veut dire quoi ?
Etre suffisamment confiant dans ce qu’on pense pour ne pas subir l’avis des autres.

Quel est votre mantra ?
Quand j’étais plus jeune, je disais "le sport va sauver ta vie".
Sinon, j’aime bien cette phrase de Bertrand Blier dans Les valseuses : "On est pas bien, là ?"

Qu’est-ce qui vous émeut ?
Ce qui m’émeut le plus, c’est l’expression de la vie. Ça peut paraitre stupide, c’est vaste : les émotions, l’amour… On a de la chance d’être en vie. C’est le thème que j’ai développé dans plusieurs films, dans Paris et dans Casse-tête chinois. On peut avoir de plus en plus de problèmes, il y a un moment où l'on réalise qu’il faut profiter d’être là.

Après quoi courez-vous ?
Une espèce de plénitude. J’étais très angoissé avant. Je le suis toujours, je cherche à m’en débarrasser, mais bizarrement, c’est l’angoisse qui permet d’aller en avant. C’est un moteur, comme la culpabilité. J’ai rien écrit depuis trois jours et à un moment, les idées sortent. Mon but est d’atteindre une sorte de plénitude pour se débarrasser de l’angoisse.

Qu’est-ce qui vous donne envie de continuer ce métier ?
Ce n’est pas un, mais mille métiers ! Je travaille avec des acteurs, des graphistes, des ingénieurs du son, des monteurs, je voyage…  Le cinéma, ça remplit tout.


Interview de Cédric Klapisch par Valérie Nimal - Proximus TV.
"Casse-tête chinois" est co-produit par Proximus. Découvrez aussi la bande-annonce et la critique du film.

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