Considérer la 5G depuis différentes perspectives

Proximus et Voka ont organisé fin avril un événement digital lors duquel 5 intervenants ont partagé, au cours d’une table ronde, leur vision quant au déploiement de la 5G. « La 5G est un moteur essentiel de la double transition que nous vivons : la numérisation et la lutte contre le changement climatique. » La Vice-Première ministre Petra De Sutter confirme ainsi l’importance de la 5G pour notre pays.

« La force concurrentielle de notre pays ne dépend pas seulement de notre mobilité et de nos salaires, mais aussi de notre degré de digitalisation », affirme Hans Maertens, administrateur délégué de Voka. « Nous avons besoin de la 5G pour investir pleinement dans une transformation digitale et des progrès technologiques plus poussés. »

Adhésion

Le gouvernement actuel partage cette conviction. « L’accord de gouvernement fait mention de la mise aux enchères des fréquences 5G », indique Petra De Sutter. Le gouvernement fédéral investit en outre dans la sensibilisation par le biais de la diffusion d’informations correctes sur la 5G afin de favoriser l’adhésion du grand public.

« Nous allons mettre en ligne une plateforme de connaissances et d’apprentissage où nous rassemblerons des informations reposant sur des bases scientifiques à l’attention des personnes qui se posent des questions au sujet de la 5G. L’objectif est d’empêcher la propagation de théories complotistes et l’endommagement de l’infrastructure 5G. » Le gouvernement fédéral est actuellement en plein développement de cette plateforme, en partenariat avec Imec, le SPF Santé publique et Sciensano.

« La mise aux enchères aura lieu début 2022 au plus tard », affirme la Vice Première ministre. « Les opérateurs se préparent déjà avec des licences et sites de test, ce qui leur permettra, une fois les licences attribuées, de déployer rapidement le réseau 5G. » Proximus ne reste pas dans l’attente de ces enchères. Une 5G ‘light’ a d’ores et déjà été déployée l’année dernière sur le spectre existant, tandis que la 5G est déjà disponible via un spectre de test à Bruges et Louvain, entre autres.

Levier

« Il est prévu que la 5G crée 40.000 à 80.000 nouveaux emplois d’ici 2030 », annonce Petra De Sutter. À en croire ces chiffres, la 5G doit être perçue comme un levier. C’est la technologie qui doit amener, entre autres, l’Industrie 4.0 et l’Internet of Things vers un niveau supérieur. « La 5G offre des possibilités entièrement nouvelles en matière d’efficience, de productivité et d’expérience client », déclare Dieter Somers, conseiller en transformation digitale chez Voka. « Elle aura des effets positifs majeurs dans les soins de santé, l’industrie manufacturière et le secteur énergétique, entre autres. »

« Dans ce dernier secteur, la 5G aidera à introduire ce que l’on appelle des ‘smart grids’ ; il s’agit de réseaux électriques intelligents équipés de capteurs qui collectent et transmettent des données, sur la base desquelles la fourniture de courant pourra être adaptée automatiquement. L’électricité requise parviendra ainsi plus rapidement à l’utilisateur final, et les émissions de CO2 s’en trouveront également réduites », explique Dieter Somers.

Gaetan Dewingaerden, Head of 5G chez Proximus

La clé réside dans les garanties offertes par la 5G en matière de capacité et de rapidité des données mobiles. « La 5G est une general purpose technology », selon Gaetan Dewingaerden, Head of 5G chez Proximus. « Elle est en mesure de changer toute une société. Nous ne devons pas percevoir la 5G uniquement comme un levier d’innovation, mais aussi comme le lien entre différentes nouvelles technologies : IA, robots, cloud, etc. »

Trois normes

La voie vers la 5G n’est toutefois pas encore toute tracée. Les enchères ne sont pas les seules à occasionner du retard ; demeure également la question des normes de rayonnement. « En Belgique, nous sommes quoi qu’il en soit un peu à la traîne », selon Tom Cassauwers, journaliste technologique et auteur de l’ouvrage ‘5G, de ruggengraat van onze toekomst’ (la 5G, l’épine dorsale de notre avenir). « La plupart de nos pays voisins ont déjà la 5G. Le fait que, dans notre pays, chaque région applique des normes différentes n’aide pas les choses à avancer. »

À Bruxelles notamment, les normes sont très strictes. « Les normes de rayonnement ne relèvent pas de la compétence fédérale, mais nous aidons cependant à informer les entreprises et les citoyens, de sorte que chacun sache que la 5G sera disponible partout de manière sûre », poursuit Petra De Sutter.

Des applications utiles

Nous pouvons peut-être bien tourner le léger retard de la Belgique à notre avantage. « L’Asie et l’Amérique du Nord sont les pionniers en la matière, donc lorsque nous aurons également la 5G en Belgique, des applications utiles seront déjà disponibles pour toutes les industries », affirme Gaetan Dewingaerden. Dans ce cas, cependant, les applications 5G proviendraient essentiellement de l’étranger, ce qui pourrait représenter une opportunité manquée pour les acteurs belges. Gaetan Dewingaerden poursuit : « Nous anticipons sur cette éventualité avec notre plateforme d'innovation 5G, où les entreprises peuvent développer en cocréation leurs idées d’applications 5G au sein d’un écosystème de partenaires ».

« Il est clair que le monde de l’entreprise attend la 5G de pied ferme », conclut Petra De Sutter. « En outre, n’oublions pas que la 5G bénéficie à tout le monde, y compris aux citoyens. La 5G est essentielle dans la double transition que nous vivons : la digitalisation et la lutte contre le changement climatique. La 5G ouvre en effet la voie à des applications intelligentes destinées à assurer un meilleur suivi et une gestion plus efficace de la consommation énergétique. Ainsi, les transitions digitale et verte avanceront main dans la main. »