Les clubs endormis: le RFC Liège, premier champion de Belgique

Sports | Le RFC Liège navigue actuellement dans le monde amateur, à seulement un échelon du circuit professionnel et de la Proximus League. Pourtant, les Liégeois ont longtemps trusté les premières places au sein de l'élite et même en Coupe d'Europe.

De Pickx

Publié le 16.04.20

2min

Liège Foot-Ball Club fut fondé en 1892 par des membres du Liège Cyclist's Union. Comme un évènement ne vient jamais seul, la "Doyenne", Liège-Bastogne-Liège, la plus ancienne course cycliste, fut initiée le même jour.

Liège joua son premier match officiel face au Bruxelles Football Association dans la capitale. Une lourde défaite fut au rendez-vous pour les joueurs de la Cité ardente vêtus de maillots rayés jaunes et noirs avec un score final de 4-0. Cependant, lors de la revanche disputée dans les jardins du château de Sclessin (cela ne s'invente pas !), les Liégeois décidèrent de porter des vareuses rouges et bleues. Plusieurs anglais y évoluaient et provenaient d'un club de la banlieue de Londres nommé Dulwich Hamlet qui défendait les mêmes couleurs. Et, cette fois-ci, l'équipe locale l'emportait sur le score de 3-1.

Cinq titres de champion

Le Football Club Liégeois, nouvellement baptisé, pris part à l'élaboration de l'UBSSA (future URBSFA puis RBFA) avec neuf autres membres en 1895. L'année suivante, Liège remporta le tout premier titre de champion de Belgique. Le club en fit de même en 1898 et en 1899 avant de s'incliner devant la supériorité des formations bruxelloises. Déçus par le FC Liège, des élèves du collège Saint-Servais décidèrent de créer un autre club dans la ville festive: le Standard Football Club Liégeois.

Le FC Liège allait alors connaître des années noires. Les Sang et Marine furent les premiers anciens champions de Belgique à être relégué en deuxième division. Il fallait attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que le club retrouve son lustre d'antan. Au début des années 50, le FC Liège retrouva, en effet, l'élite du football belge mais aussi la gloire grâce des joueurs comme Pol Anoul, Louis Carré ou encore José Moës. Les Liégeois obtinrent deux nouveaux titres... qui resteront les deux derniers jusqu'à ce jour.

Des joies européennes au déclin national

Malgré cela, Liège vécu d'incroyables moments au niveau européen. Tout d'abord grâce à une demi-finale en Coupe des Villes de Foire (ancêtre de l'Europa League) en 1964. Les Sang et Marine, emmenés par Émile Lejeune ou encore Victor Wégria, furent éliminés par les Espagnols du Real Saragosse, futurs vainqueurs de l'épreuve, au terme d'un troisième match d'appui.

Les deux dernières décennies du XXe siècle marquèrent un tournant dans l'histoire du RFC Liège. Un seul homme incarna les joies et les peines du club: André Marchandise. Plus jeune président de division 1 à la tête du plus vieux club wallon, l'homme d'affaires donnera les moyens au matricule 4 de rejoindre les quart de finales de la Coupe UEFA en 1990 après avoir disputé des matches mémorables contre Hibernian ou le Werder de Brême. Auréolés d'une Coupe de Belgique la même année, dernier trophée en date des Sang et Marine, les troupes de Robert Waseige rejoignaient le même stade de la compétition mais cette fois-ci en Coupe des coupes un an plus tard. La Juventus de Roberto Baggio se montrait alors trop forte pour Jacky Munaron, Bernard Wégria (fils de l'autre), Jean-François De Sart, Frédéric Waseige, Zvonko Varga, Luc Ernès et les autres.

Cependant, André Marchandise demanda en 1992 à être déchargé de ses fonctions pour se consacrer à ses activités professionnelles à l'étranger. Deux ans après l'affaire Bosman, qui secoua le club, le RFC Liège vécu un nouveau revers et entra dans une zone de turbulences financières. De nombreux joueurs furent vendus, le mythique stade vélodrome fut jugé non conforme, rasé et le site fut transformé en complexe cinématographique (Kinepolis).

Reléguée sportivement en 1995, la formation liégeoise navigue depuis maintenant 25 ans dans les divisions inférieures du football belge. Revenus à Rocourt en 2015, les fans sont toujours aussi présents malgré les promesses éternelles d'un stade à la hauteur de l'histoire du club et des résultats en dents de scie. Car les supporters de toujours veulent chanter pour Liège, sans jamais rien lâcher, pour l'amour du maillot...